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Guerre Israël-Hamas : qu’est-ce que l’UNRWA, à laquelle plusieurs pays ont suspendu leurs versements ?

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), déstabilisée par une polémique liée à l’attaque du 7 octobre 2023, est un acteur essentiel pour des millions de Palestiniens depuis sa mise en place en 1949. Critiquée de longue date par Israël, l’agence, financée quasiment entièrement par des contributions volontaires des Etats, doit aujourd’hui enquêter sur le rôle de certains de ses employés dans l’attaque menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien.
L’UNRWA est établie fin décembre 1949 par l’Assemblée générale de l’ONU après le premier conflit arabo-israélien qui éclate au lendemain de la création d’Israël, en mai 1948. Elle a pour mandat de fournir une assistance humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens enregistrés dans la zone d’opérations de l’agence, « dans l’attente d’une solution juste et durable à leur situation ».
Plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui leurs terres entre avril et août 1948 au moment de la création d’Israël, selon l’ONU. Ces personnes, ainsi que leurs descendants, ont le statut de réfugiés. L’UNRWA devient le seul garant par défaut de leur statut international. Elle intervient dans les territoires palestiniens, mais aussi au Liban, en Jordanie et en Syrie.
Quelque 5,9 millions de Palestiniens sont enregistrés auprès de l’UNRWA et peuvent bénéficier de services qui englobent éducation, soins de santé, services sociaux, infrastructures des camps, microfinance et aide d’urgence, y compris en période de conflit armé. Plus de 540 000 enfants étudient dans les écoles de l’Unrwa.
Il existe au total une soixantaine de camps de réfugiés gérés par l’agence onusienne, dont dix-neuf en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, la situation humanitaire était déjà critique avant le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste. Selon des données de l’ONU datant d’août 2023, 63 % des habitants souffraient alors d’insécurité alimentaire et dépendaient de l’aide internationale. Plus de 80 % vivaient sous le seuil de pauvreté.
Le petit territoire, coincé entre Israël, la mer Méditerranée et l’Egypte, compte huit camps et environ 1,7 million de réfugiés, soit l’écrasante majorité de la population, selon l’ONU. La population totale de Gaza compte environ 2,4 millions de personnes.
Sur les 30 000 personnes employées par l’agence, 13 000 officient dans la bande de Gaza, réparties dans plus de 300 installations sur un territoire de 365 kilomètres carrés, selon le site de l’organisation.
En 2018, les Etats-Unis de Donald Trump, premier contributeur de l’UNRWA, avaient mis fin à leur aide financière annuelle de 300 millions de dollars. Israël, qui avait salué la décision américaine, accuse l’organisation de « perpétuer le conflit » israélo-palestinien en entretenant l’idée – à laquelle il s’oppose – que de nombreux Palestiniens sont des réfugiés dotés du droit au retour sur les terres. Les Palestiniens soulignent de leur côté que les Etats-Unis versent plus de 3 milliards de dollars (2,76 milliards d’euros) d’aide militaire annuelle à Israël.
En mai 2019, le conseiller du président américain Donald Trump pour le Proche-Orient avait demandé la fin de l’UNRWA, l’accusant d’avoir « failli à sa mission ». L’agence avait répondu qu’elle ne pouvait être tenue responsable de l’impasse du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Washington a repris ses versements à partir de 2021, après l’élection de Joe Biden.
Vendredi, l’UNRWA s’est séparée de plusieurs employés (douze selon les Etats-Unis) accusés d’être impliqués dans l’attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien. Les faits reprochés n’ont pas été précisés, et une enquête a été ouverte.
Israël a déclaré samedi ne plus vouloir que l’agence onusienne joue le moindre rôle à Gaza après la guerre. Washington a suspendu « temporairement » tout financement additionnel à l’agence onusienne, suivi samedi par plusieurs autres pays donateurs.
En 2022, les fonds provenant du budget ordinaire des Nations unies et les contributions d’autres entités onusiennes s’élevaient à 44,6 millions de dollars. Les cinq principaux donateurs sont, dans l’ordre, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Union européenne, la Suède et la Norvège. Figurent aussi notamment la Turquie, l’Arabie saoudite, le Japon et la Suisse.
Le Monde avec AFP
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